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On ne peut pas parler des chats sans évoquer quelques-unes des étrangetés qui leur sont particulières, et que, à titre d’hypothèse, j’impute à un état qui est peut-être celui que recherchent les bouddhistes, accomplissement lié à la perte de l’ego, et qui, chez eux, est indissociable de leur soumission à Dieu, au Vrai, à la Nature, à la Réalité, quel que soit le nom dont on baptise Ce qui préside à leurs instincts.
Au nombre de ces mystères est la résistance à la douleur, une sensation qui ne tire pas la moindre plainte à un chat, de quelque intensité qu’elle soit, même quand il s’agit, comme j’ai pu malheureusement l’observer, de quelque atrocité comme le cancer, ou une horrible fracture d’un membre. Seule une souffrance imprévue lui arrache un cri, souvent davantage de rage, d’indignation, que de faiblesse.
Le minuscule animal, dont l’infériorité n’échappe pas à ceux, parmi nous, que leur «humanité» autorise à mépriser ou détruire l’environnement naturel, est capable, sans même que nous nous en apercevions, de mourir du plus terrible mal en gardant toute la dignité que nous-mêmes perdrions à sa place.




Sans titre 13
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